Fusions et acquisitions : rebond du secteur en vue ?

Une hausse de 12 % du volume mondial des transactions au premier trimestre 2024 a surpris après deux années de net recul. Les valorisations, pourtant encore élevées, n’ont pas freiné l’appétit des acquéreurs stratégiques et financiers.

L’ajustement des politiques monétaires et la stabilisation des taux d’intérêt ouvrent la voie à un regain d’activité. Les segments technologiques et santé concentrent l’essentiel des opérations, tandis que les fonds de capital-investissement réajustent leurs stratégies face à la concurrence accrue.

Fusions-acquisitions : où en est-on vraiment sur le marché mondial ?

Le marché mondial des fusions-acquisitions s’est offert un retour inattendu sur le devant de la scène au premier semestre 2024. Après deux années marquées par une chute sensible, le volume des transactions reprend de la vigueur, affichant une croissance supérieure à 12 %. Les investisseurs, longtemps en retrait à cause de la volatilité des taux d’intérêt, reviennent avec détermination.

Derrière cette reprise, on observe une forte concentration des opérations de fusions-acquisitions sur des secteurs jugés stratégiques. Technologie, santé et énergies renouvelables s’imposent en locomotives, portées par la nécessité d’évoluer vite et de consolider les positions. Si les transactions de plus de dix milliards de dollars restent peu fréquentes, l’activité sur les deals de taille moyenne donne du relief à ce mouvement.

Pour mieux saisir la dynamique des régions, voici les grandes tendances qui se dégagent :

  • Les États-Unis conservent leur avance en nombre et en valeur d’opérations, mais l’Asie-Pacifique, avec l’Inde et la Corée du Sud en tête, surprend par sa capacité de rebond.
  • L’Europe, freinée par la diversité réglementaire et une prudence bancaire tenace, accélère pourtant, tirée par l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Les perspectives des fusions-acquisitions restent étroitement liées à l’évolution des taux d’intérêt et à la confiance retrouvée des acteurs du marché. Si on a assisté à une reprise des grandes manœuvres stratégiques au premier semestre, la gestion des risques demeure un sujet sensible, surtout pour les fonds de private equity qui évoluent dans un contexte de financement désormais bien plus sélectif.

Les signaux du rebond : tendances marquantes et chiffres clés à surveiller

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le marché des fusions-acquisitions regagne du terrain. Selon le London Stock Exchange Group, la valeur des transactions mondiales a grimpé à 1 700 milliards de dollars sur les six premiers mois de 2024. C’est 12 % de plus que l’an passé, un signal fort après deux années d’hésitation. Plus de 20 000 opérations recensées à l’échelle mondiale, soit autant de preuves concrètes d’un retour de confiance chez les décideurs.

Pourquoi ce rebond ? Plusieurs facteurs convergent. D’abord, la détente sur les taux d’intérêt redonne aux entreprises une marge de manœuvre attendue depuis longtemps. Les groupes capables de se refinancer se lancent dans des stratégies de croissance externe ou de consolidation. La répartition sectorielle accentue certains contrastes : la technologie et la santé représentent près de 40 % de la valeur des deals signés. Les énergies renouvelables progressent, portées par l’urgence de la transition énergétique.

Les mouvements géographiques confirment également le changement de rythme. Les États-Unis dominent toujours le classement des transactions, mais l’Asie accélère, portée par l’Inde et la Corée du Sud. L’Europe, de son côté, reprend du souffle grâce à l’Allemagne et au Royaume-Uni.

Voici les chiffres qui résument la situation actuelle :

  • 1 700 milliards de dollars engagés au premier semestre 2024
  • Plus de 20 000 opérations recensées à l’échelle mondiale
  • Technologie et santé : 40 % du volume en valeur

Cette reprise du marché des fusions-acquisitions alimente de nouvelles ambitions, même si l’incertitude autour du financement demeure. Les investisseurs observent de près la courbe des taux et la capacité des entreprises à réaliser les synergies attendues.

2024-2025 : faut-il croire à une reprise durable des opérations ?

La dynamique du marché mondial des fusions intrigue : l’élan du premier semestre peut-il vraiment s’installer dans la durée ? Le contexte reste marqué par des zones d’ombre. Les banques centrales temporisent sur la politique monétaire, ce qui modère l’enthousiasme des acteurs les plus exposés à la dette. Depuis 2022, les multiples hausses des taux d’intérêt renchérissent le coût du capital, compliquant les montages financiers, en particulier pour le private equity.

En France, le marché des fusions-acquisitions reflète ces hésitations. Les transactions mid-cap patinent, les valorisations restent sous pression et plusieurs fonds de capital-investissement préfèrent reporter leurs sorties, attendant des acheteurs capables d’assumer le risque. Pourtant, certains secteurs font exception. Santé, tech et énergies renouvelables dominent par leur dynamisme, portés par l’urgence d’adapter les modèles économiques.

L’horizon pour la seconde partie de 2024 et 2025 s’annonce prudent mais actif. Les acteurs surveillent l’évolution des marchés des capitaux et la stratégie des banques centrales. Si les coûts de financement se stabilisent, une nouvelle vague de transactions pourrait voir le jour. Mais l’équilibre entre ambitions de croissance et gestion des risques reste au cœur de toutes les stratégies.

Main passant un dossier avec des papiers entre deux cadres en bureau

Stratégies d’investissement : comment tirer parti d’un contexte en mutation ?

Pour tirer leur épingle du jeu, les investisseurs aguerris lisent entre les lignes. Capital-investissement et gestion d’actifs ne se pratiquent plus sur pilotage automatique. Les secousses sur les taux, l’essor de l’intelligence artificielle et la montée en puissance des critères ESG imposent de revoir les méthodes. Les sociétés de portefeuille misent désormais sur l’agilité, ciblant des entreprises capables de générer rapidement de nouvelles sources de croissance ou de consolider leur position.

Trois axes ressortent pour adapter ses stratégies :

  • Se positionner sur les secteurs à mutation rapide : technologie, santé, énergies renouvelables offrent des relais de croissance solides.
  • Profiter des valorisations redevenues plus accessibles, conséquence directe de la prudence ambiante. Ceux qui disposent de liquidités trouvent des opportunités là où d’autres hésitent.
  • Approfondir l’analyse des cycles sectoriels pour anticiper les points de bascule, l’anticipation fait toute la différence.

La pression sur les prix, accentuée par le recul du volume des transactions et la disparition progressive des multiples extravagants, pousse les fonds de private equity à viser la qualité des cash flows et la solidité du management. Les stratégies buy-and-build restent recherchées, mais le niveau d’exigence s’intensifie. Les investisseurs institutionnels, quant à eux, déplacent une partie de leurs capitaux vers des actifs non cotés, à la recherche d’une prime de risque plus attrayante dans ce cycle mouvant.

L’intégration rapide de l’innovation devient une condition de succès. L’intelligence artificielle s’invite à chaque étape, de l’identification des cibles à la gestion post-acquisition. Miser sur la technologie, sans perdre de vue la dimension humaine, s’impose désormais comme une évidence pour ceux qui veulent rester dans la course.

Le secteur des fusions-acquisitions n’a pas encore dit son dernier mot. Les cartes sont rebattues, la partie ne fait que commencer.

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