Ecriture inclusive : pourquoi, comment ?

Ecriture inclusive : pourquoi, comment ?

Vous aurez remarqué, chez Roseaux nous utilisons l’écriture inclusive. Si vous n’êtes pas familier avec les cercles féministes, vous vous êtes peut-être déjà demandé quelle est cette étrange façon d’écrire. Nous sommes favorables à l’utilisation, partout, dans l’écriture et l’oral, dans la vie quotidienne comme dans les textes officiels, de l’écriture inclusive, afin d’éliminer progressivement le sexisme de la langue française.

Au cours des dernières semaines, nous avons parlé d’écriture inclusive presque tous les jours — avant que l’affaire Harvey Weinstein ne prenne le relais. J’allais écrire que cette question divisait les médias, mais à la recherche d’articles qui l’ont saluée, je n’ai trouvé autre chose que de toute évidence dans les médias militants qui l’utilisent depuis un certain temps. Dans les médias traditionnels, il y a au mieux un article neutre, au pire des articles tels que « Féminisme : les illusions de l’écriture » « inclusive » dans le Figaro.

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Les arguments de ces critiques sont souvent les mêmes, l’écriture inclusive serait inutile et il y aurait des combats plus sérieux, il serait être illisible, cela détournerait de la langue française, ce serait une confusion des consciences, un façonnement des pensées, une politisation de la langue perçue jusque-là comme neutre.

Nous avons estimé qu’il était important de rectifier les choses et de répondre à tous ces arguments, parce que nous sommes et restons convaincus que nous n’avons pas à prioriser ni à choisir le terrain sur lequel nous nous battons pour éliminer les inégalités entre les sexes.

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Beaucoup a été dit dans la presse sur la « féminisation de la langue », formulation qui nous semble incorrecte : c’est plutôt une démasculinisation de la langue, afin de la rendre inclusive et de la rendre visible dans la langue — et donc dans les mentalités et dans la société — les femmes et les non-binaires.

Argument 1 : La langue française a toujours travaillé donc, nous devons préserver notre patrimoine linguistique

C’ est un argument que l’on entend surtout dans les milieux intellectuels et académiques, et pas seulement des hommes, loin de là. Sauf que c’est profondément faux. Un bref aperçu historique de la langue française à travers trois moments : la Renaissance, le XVIIe siècle et la Révolution.

La langue française est utilisée à des fins politiques depuis des siècles. En 1539, le roi François Ier signa l’ordonnance de Villers-Cotterêts, qui, entre autres choses, exigeait la rédaction de tous les actes juridiques et notariaux en français, même s’ils avaient été écrits jusqu’ici en latin. La France n’avait pas d’unité linguistique à l’époque — contrairement à l’Angleterre par Par exemple, c’est donc une approche qui vise à unifier le pays à travers une langue administrative qui doit devenir commune, tout en profitant de la réduction de l’influence du latin et donc de l’Eglise.

En 1635, le cardinal de Richelieu fonde l’Académie française, institution manifestement non mixte chargée d’écrire un dictionnaire, une grammaire, une rhétorique, une poétique et de s’occuper de la langue. L’objectif éminemment politique était de purifier le langage de son provinciales et populaires et les termes étrangers. C’est alors que commence, entre autres, une effacement du féminin dans une partie de la langue française. Toutes les formes féminines de noms de professions considérées comme nobles sont maintenant interdites : plus l’auteur, le philosophe, le peintre. D’autre part, les noms professionnels tels que l’actrice et le boulanger n’effrayent pas autant les académiciens. Tu as dit mépris de classe ? En 1675, un charmant gentleman, l’abbé Bouhours, déclara : « Quand les deux genres se rencontrent, les plus nobles doivent prévaloir. »

Et pourtant, dans l’ancien grec et le latin, nous avons trouvé l’accord de proximité, une règle qui se trouve dans les grands textes de la littérature française. Ce que les critiques de l’écriture inclusive oublient, comme par hasard, de se souvenir. Nous les trouvons dans La Chanson de Roland, mais aussi dans Racine : « Je pensais surtout que j’étais obligé de larmes, de prières, de consacrer ces trois jours et trois nuits entières. » (Athalie, 1691).

La langue française n’a cessé d’évoluer sur temps. Affirmer qu’il s’agit d’un bloc qui a été gelé pendant des siècles n’est pas simplement naïf, c’est une idée fausse d’un point de vue historique et linguistique.

Argument 2 : L’écriture inclusive politise la langue, qui doit rester neutre

En 1767, un grammairien, Nicolas Beauzée, en ajoute une couche dans sa Grammaire générale : « le genre masculin est considéré comme plus noble que le féminin en raison de la supériorité du mâle sur la femelle ». Ici, c’est drôle, voici une justification pour les plus politiques. L’argument est tout ce qui est clair : puisque les hommes sont supérieurs aux femmes, cela doit être vu dans la langue.

250 ans plus tard, lorsque les féministes demandaient que l’égalité soit vue en langue française, levant les boucliers. Mais non, voyons, quelle idée, ne rendons pas la langue politique !

Mais la langue est fondamentalement politique. Nos façons de penser sont conditionnées par le langage. Nous ne vous donnerons pas une introduction à linguistique ici, mais le langage façonne la réalité, dans la mesure où il s’agit d’un cadre qui nous permet de penser le monde. Nom vous permet d’exister. C’est aussi simple que ça. Ne pas nommer les femmes et les non-binaires dans la langue signifie ne pas les faire exister dans la société. Tu vois le problème ?

La langue n’a jamais été et ne sera jamais neutre parce qu’elle a une relation étroite avec le monde qu’elle décrit. La revendication et la pratique de l’écriture inclusive est tout aussi politique que de rester sur des positions réactionnaires héritées des XVIIe et XVIIIe siècles.

Argument 3 : Formes d’écriture inclusives pensées à des fins idéologiques

C’ est l’heure de Raphaël Enthoven. C’est loin le moment où il a expliqué Platon avec pédagogie sur Arte dimanche midi. Depuis qu’il a critiqué #Balancetonporc, il a prouvé qu’il ne comprend rien sur le racisme ou la propagation des hommes. Quoi qu’il en soit, sauf l’allié rêvé. Le 26 septembre, notre cher Enthoven, donc, violemment attaqué l’écriture inclusive. Déchiffrement.

Enthoven commence par prouver qu’il ne connaît rien des thèmes LGBT en utilisant le terme « transgenre » à tort et à travers : et sautez par la façon dont il appelle notre inconscient à établir un lien direct entre l’écriture inclusive et le « lobby LGBT ». Ensuite, il compare l’écriture inclusive au novlanguage utilisé dans Orwell 1984, qui consiste à appauvrir le langage pour lobotomiser la population, ce qui implique que les féministes veulent contrôler les gens par la langue. Enfin, il parle, en demi-mesures (non), d’une « attaque contre la langue », pensant que les partisans de l’écriture inclusive veulent réécrire toutes les œuvres littéraires sous une forme inclusive.

Mais c’est bizarre : nous faisons campagne depuis longtemps pour l’écriture inclusive, dans des sphères que beaucoup n’hésiteraient pas à qualifier radicales et extrêmes, mais il n’y a jamais eu de question de réécrire les classiques de la littérature.

Conclusion ? Enthoven, comme une écrasante majorité des critiques de l’écriture inclusive, a un manque de compréhension de l’écriture inclusive qui est égale seulement son soi-disant ego intellectuel. Il termine sa chronique par une phrase meurtrière : « Le désir d’égalité n’excuse pas la formation des pensées ». Sauf que — voir point précédent — la langue a déjà façonné les pensées, ancrant dans le langage une inégalité manifeste et arbitraire.

Début octobre, Julien Aubert, député LR, a également fait une comparaison avec le novlanguage pour condamner l’utilisation de l’écriture inclusive dans un manuel, estimant qu’il a fallu « les écoliers en otage pour transformer, sous couvert d’apprendre à l’égalité, notre langue à des fins idéologiques ».

Comme par hasard, l’article de Sud Ouest sur l’affaire indique que plusieurs signataires de la lettre sont « membres de « l’accord parlementaire pour la famille », fondé en 2012 pour tenter de bloquer l’ouverture du mariage à tous les couples, hétéros et homosexuels ». Difficile, avec de telles teintes de l’ Manif pour tous, de ne pas voir de leur part une forme de pensées avec un tel rejet du progrès social.

Argument 4 : Il y a des combats le plus important

La chose la plus drôle chez les gens qui sortent de ce genre d’argument est que la grande majorité des mêmes vous répondront, quand vous sortirez des chiffres tels que « en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou de son ex-conjoint » : « Oui, mais il y a aussi la famine et les mariages d’enfants en Afrique ».

Soyons donc d’accord : faire campagne pour une écriture inclusive n’empêche pas de faire campagne en même temps contre la violence à l’égard des femmes en France. Lutter contre la violence à l’égard des femmes en France n’empêche pas non plus la lutte des féministes ailleurs dans le monde. (Un rappel en passant : établir une hiérarchie dans la violence à l’égard des femmes entre l’Europe et « ailleurs » est 1) anti-féministe et 2) néocoloniale, donc raciste).

Nous n’avons pas à choisir entre nos différents batailles. Et nous n’avons pas besoin des ennemis du féminisme pour expliquer quelles luttes nous devons combattre et comment nous devons les mener (coucou le mansplaining).

Les mêmes arguments ont été soulevés lors du débat sur le terme « mademoiselle ». Les attaques contre les féministes avaient été extrêmement virulentes, et notre chère (non) Eugénie Bastié était même allé jusqu’à faire un livre (Adieu miss. La défaite des femmes), dégoulinant du sexisme internalisé et des pensées de la droite (très) dure.

Et oui, c’est un combat important comme les autres. Parce que, comme nous le rappelle Eliane Viennot, « si nous voulons vraiment l’égalité, nous devons nous débarrasser autant que possible des escrocs légués par des siècles où seuls les hommes ont utilisé la parole publique et l’ont fait à leur avantage ». La langue est le reflet de notre société, mais elle est aussi un outil qui participe à sa construction et (pas nécessairement) à son fonctionnement.

Argument 5 : Le masculin est neutre

Voici une pelle ! C’est drôle, après toutes ces années d’étude des lettres, personne ne m’a dit que nous avions neutre en français ! Et moi, naïf, je pensais qu’il était réservé aux langues, comme le grec ancien, le latin ou l’allemand… J’ai entendu plusieurs fois cet argument plus que douteux : « le masculin exprime à la fois masculin et neutre ». Et le féminin ? Le féminin exprime… le féminin. Mais en passant, qu’est-ce que « le neutre » en français ?

En général, les gens qui sortent de ce genre de phrases diront que le neutre est « tout le monde/hommes et femmes ». Bref, un terme pseudo-grammatical « catch-all » qui permet de ne pas remettre en question la règle de la grammaire sacro-sainte « le masculin l’emporte sur le féminin ».

Eh bien, oui, vous féministes faites des merdes, nous ne parlons pas pour la vraie vie, c’est juste une règle de grammaire, et puis de toute façon… le masculin exprime aussi le neutre, c’est bien connu !

Alors non. En français, nous avons le masculin et le féminin. Contrairement à l’allemand par exemple, il n’a pas de neutre. Et donc rien pour exprimer le neutre. Pourtant, c’est ce que certaines personnes essaient de démontrer, même si elles jouent un peu (beaucoup) sur les mots : « Les féministes font une mauvaise interprétation : elles confondent le genre et le sexe. En grammaire, le genre masculin est dans le nom de ce que l’infinitif est dans le verbe. En d’autres termes, une forme indifférenciée et non marquée qui doit être rapprochée, en ce sens, du latin neutre. »

Nous trouvons cette idée de « masculin universel », expression oxymorique et sexiste, qui permet par exemple de dire « droits de l’homme » (ou « droits de l’homme » si nous avons de la chance) en justifiant cela par le masculin universel. Les lois, qu’elles soient de justice ou de grammaire, ont été faites jusqu’à présent par et pour les hommes, qui 1) en dit long sur le contenu sexiste qu’elles contiennent 2) doivent et vont changer.

Non, en grammaire, le masculin n’est pas « universel ». Les hommes sont des hommes et ciblent moins de 50 % de la population. je ne vois pas quelle serait sa légitimité de s’adresser à tout le monde.

Argument 6 : Ok, je veux féminiser les noms du commerce mais vraiment, le point médian est trop

Il y a ces gens qui disent qu’ils sont féministes parce qu’ils sont « pour l’égalité de rémunération et la juste répartition des tâches ménagères », mais qui, dès que des sujets tels que la culture du viol, les PMA ou le racisme surgissent, commencent à agiter dans leur chaise, mal à l’aise, et finissent par abandonner, plus ou moins conscients de racontant n « Oh, non, mais je n’approuve pas… ça. » Avec le point médian (ou tiret), c’est la même chose.

Ce sont ces gens qui passeront, en l’espace d’un moment, un enthousiasme assez sincère pour les noms commerciaux féminisés, mais dont le visage se refermera dès que nous commencerons à mentionner, par écrit ou oralement, les électeurs ou les auteurs. « Ah non, c’est ugly/ça déforme la langue française/ça prolonge tous les textes/on ne peut pas le prononcer oral*/… « (*alerte spoiler : si, nous pouvons. Voir ci-dessous).

Pensons à deux secondes : pouvons -nous aller trop loin en matière d’égalité ? Si vous voulez l’égalité de tous, partout, tout le temps, alors (désolé si je vous le dis, mais je vous promets que ce n’est pas un grand mot) vous êtes une féministe/un allié.

C’ est bon, je suis convaincu. mais comment cela fonctionne -t-il ?

Il y a plusieurs façons d’écrire de manière inclusive :

    • Utilisez des mots spicènes : un mot épicène est un nom ou un adjectif qui conserve la même forme chez le masculin et le féminin. Pour les noms des métiers et des fonctions, il s’agit de 1) termes d’origine latine se terminant par -aire et -aste (fonctionnaire, gymnaste) 2) termes d’origine grecque se terminant par -graph, -iatrist, -logist, -nome, -path, -thérapeute (photographe, pédiatre, zoologue, astronome, osthéopathe, psychothérapeute). Certains termes pour les personnes sont aussi épicene, comme les mots d’origine grecque se terminant par -anthrope, -caisse, -gène, -crinière, -naute, -path, -phile, -phobe (misanthrope, démocrate, aborigène, amateur de musique, astronaute, psychopathe, bibliophile, homophobe). Enfin, certains adjectifs sont aussi épicènes, en particulier ceux qui finissent par -ic, -ible, -able et ceux dérivés d’un adverbe (magique, invisible, formidable, bien). Des expressions telles que « le personnel enseignant » peuvent également être utilisées, ce qui est beaucoup plus inclusif que de dire ou d’écrire « les enseignants » ou même « les enseignants ».
    • Écrivez systématiquement les formes féminines et masculines des mots (dans l’ordre alphabétique afin de ne pas mettre constamment la forme masculine au début et ainsi rétablir une hiérarchie), tels que « enseignants », « femmes et hommes », « ceux-là », « eux et eux ». Cependant, cette méthode présente deux inconvénients : elle n’inclut pas les personnes non binaires et elle allonge les phrases et les textes.
    • Octroyer des adjectifs passés et participer à deux méthodes possibles : accord de proximité et accord majoritaire. L’accord de proximité a longtemps été appliqué (il y a beaucoup de textes littéraires le contenant) avant d’être remplacé par l’accordage masculin systématique. Il s’agit d’accorder des adjectifs et de participer au mot le plus proche. Par exemple, « les filles et les garçons sont heureux » et « les garçons et les filles sont heureux ». Dans certains cas, l’application de la règle de la majorité sera plus logique, c’est-à-dire prendre en compte le nombre de personnes de chaque sexe. En effet, dans le fonctionnement actuel de la langue française, s’il y a 99 filles et 1 garçon, le masculin sera toujours accordé. Il serait donc plus logique de dire « les dix enseignants, leurs sœurs et le chauffeur sont arrivés » que de dire « les dix enseignants, leurs sœurs et le conducteur sont arrivés ».
    • Combiner la forme masculine et féminine dans le même mot, en les séparant selon les méthodes par parenthèses : « les enseignants » ; une majuscule : « le Professeurs » ; par tiret : « professeurs » ; un point classique : « professeurs » ; ou par un point médian : « professeurs ». La première possibilité ne nous convainc pas, dans la mesure où le féminin est littéralement mis entre parenthèses et qu’une hiérarchie est donc préservée. Elle soulève également une préoccupation — tout comme l’alternative avec les majuscules — pour les mots dont les versions masculine et féminine sont relativement différentes, et non seulement différenciés par l’ajout d’un « e » final, comme « enseignant et enseignant », ou « ceux-là ». Les tirets et les points classiques ont l’avantage d’être directement sur un clavier d’ordinateur. Les points médians facilitent la lecture et sont plus faciles à lire en lisant des logiciels pour les malvoyants ou les aveugles.
    • Fusionner certains mots couramment utilisés : « ceux-là » devient « celleux », « lui et elle » devient « iel » (ou plus rarement, sur certains sites militants, « ille » et « ol »), « le et la » devient « lea ou læ ». Cette fusion a l’avantage de prendre en compte les personnes non binaires et de rationaliser les textes. Certaines personnes ou agendas non binaires utilisent également le suffixe æ pour remplacer les terminaisons -é -ée, par exemple « læ concernæ ». L’utilisation de « iel » ne suppose pas le type de personne à laquelle vous parlez ou parlez, ni de parler à une personne d’une manière non sexiste. Les mots « auteur » et « auteur » peuvent également être fusionnés en « auteur », « enseignant » et « enseignant » en « enseignant ».

C’ est une façon d’écrire relativement nouvelle, qui peut paraître surprenante au début et fastidieuse à lire, écrire et mettre en pratique oralement. Mais une fois le pli pris, il n’est pas plus ou plus difficile que l’orthographe traditionnelle (à l’exception de certaines personnes qui ont des troubles dyslexiques ou des soucis d’orthographe).

Ok, je l’ai compris en français, et d’autres langues, Comment ça marche ?

Le français n’est pas le seul langue où le sexe est très présent et où les inégalités sont visibles même dans la langue. Mais partout dans le monde, l’écriture inclusive gagne du terrain.

L’ anglais est une langue relativement non-sexiste et la plupart des mots sont épicènes, et nous voyons l’apparition du pronom « ils » comme un pronom neutre et de « Mx » comme une alternative neutre à M./Mme. Iels travaille également à remplacer les termes de genre par des alternatifs. neutres : nous remplacons « pompier » (« feu » « man » = pompier) avec « pompier » (littéralement pompier).

Pour les langues comme l’espagnol, le portugais et l’italien, dont les mots et les adjectifs finissent souvent par -a (marque féminine) ou -o (marque masculine), les mots de fin sont changés et écrivent avec -x avec « niñxs » pour « niños niñas » (enfant), un @ comme « niñ @s » (enfants), barre oblique « el/candidat a » ou e comme « niñes ». En espagnol a également été proposé une fin en -i et les pronoms personnels « elli et ellis ».

En suédois, le pronom « Hen » est utilisé, proposé pour la première fois en 1974 et de nouveau en 1995, en référence au pronom neutre finlandais « hän » (le finnois n’a pas de genre grammatical). En 2014, Hen est entré dans le dictionnaire suédois, mais il est encore controversé dans son utilisation.

En allemand, il est plus difficile de combiner les pronoms pour être inclusif, mais l’écriture inclusive se répand largement partout. Par exemple, une variante avec une barre oblique peut être trouvée dans les annonces ou les offres d’emploi : « Wir suchen eine/n verkäufer/in » (« nous cherchons un vendeur ») ; ou avec une lettre majuscule : « die StudInnen » (« étudiants »).

Dans les sphères militantes, nous trouverons une étoile ou le tiret inférieur, qui est appelé « écart entre les sexes » parce qu’ils nous permettent de sortir de la binarité entre les sexes et d’inclure ainsi tout le monde : « die Lehrer*innen » (« enseignants »), « die journalist_innen » (journalistes). Il y a aussi une utilisation croissante du participant actuel lorsqu’on parle de groupes spécifiques : « die studierende » (« étudiants »).

Et à l’oral Comment pouvons-nous le faire ?

Pour parler inclusivement, la méthode la plus simple sont les deux premiers énoncés dans l’article : parler autant que possible avec des mots épicènes, et inclure des formes féminines et masculines. Il est également possible d’utiliser les mots fusionnés mentionnés ci-dessus comme iel/ cells/ auteur. Il est également possible de faire entendre l’écriture au milieu, et c’est assez impressionnant.

Discours de Rebecca Chaillon — OUT d’Or de la création artistique…

Rébecca Chaillon (pour le Golden Out of Artistic Creation) : « En général, je suis plus à l’aise pour parler nue, mais comme c’est sur Facebook et qu’ils ont un problème avec les mamelons, je vais garder mon soutien-gorge.« #AJLawards

Gepostet de AJL am Freitag, 30. Juin 2017

Le discours de Rébecca Chaillon lors de l’allocution du film Ouvrir la voix à l’or en est une illustration parfaite. Il comprend l’écriture inclusive combinée « Je voudrais féliciter tous les artistes », « Noir-es », l’écriture fusionnée « celleux », ou la méthode d’énonciation de la forme féminine et masculine (« ceux-là », « elle ») et l’utilisation de termes épicènes (« peuple noir »).

Limites d’inclusion de l’écriture inclusive

Nous avons mentionné précédemment la question de l’écriture inclusive pour les logiciels de lecture pour les malvoyants ou les aveugles. Il est clair que si l’écriture inclusive est « inclusive » des femmes et des personnes non binaires, elle n’inclut pas nécessairement tout le monde. Ainsi, il peut être encore plus compliqué pour les personnes qui ont des troubles de la dys ou les personnes qui ont des difficultés à lire de s’y habituer et de le lire, et il est important de le prendre en compte, surtout dans les écoles. Il est à noter que les points médians sont mieux lus par les logiciels de lecture d’ordinateur, ainsi que les formes fusionnées.

Autres voies pour un langage plus égalitaire et respectueux

Rédaction inclusive est un bon moyen d’égaliser notre langue, mais il y a aussi d’autres changements qui peuvent être apportés. Un problème sexiste qui revient souvent est d’utiliser le nom pour parler d’hommes, et le prénom pour parler de femmes : nous parlons donc de Ségo ou Ségolène, et Roselyne ou « L’épreuve du feu pour Najat », mais de Sarkozy et Hollande.

Vous pouvez bannir les mots sexistes ou les insultes de votre langue, écrire inclusivement, mais continuer à utiliser les mots « fils d’une prostituée », « maudit » ou « baiser » — pour nommer les plus courants — est tout à fait contre-productif. Il faut donc tendre non seulement à éliminer le sexisme de notre langue, mais aussi à éliminer les paroles et les insultes à propos d’autres oppressions. Nous devons donc aller plus loin, bannir de notre langue tous les mots oppressifs (et insultes), qu’il s’agisse de classe, de grossiers, d’homo/bi/panphobes, de putophobes, de psychophobes, de racistes, de transphobes, de validistes.

La langue n’est pas seulement sexiste, et il ne sera jamais assez répété, les mots sont important.

Pour aller plus loin Titiou Lecoq sur Slate : « Si seulement mes enfants ne pouvaient pas apprendre « le masculin prévaut toujours sur la femelle » » Alchimy sur Usbek & Rica : « Le masculin a priorité sur la femelle » : Plus qu’une simple règle de grammaire » Anne-Charlotte Husson sur le genre C’est amusant : « Féminisation de la langue : quelques réflexions théoriques et pratiques » Jules Darmanin sur Buzzfeed : « Voici à quoi ressemble l’écriture inclusive partout dans le monde » La recommandation du Haut Conseil sur l’égalité entre les femmes et les hommes : « Pour une communication sans stéréotypes sexistes » Maria Candea sur le blog « Féministes dans tous les genres » du Nouvel Observateur : « Le féminin est bon, pas le masculin n’a pas toujours prévalu sur le féminin » Eliane Viennot sur Ardoise : « Bannissez la règle du masculin qui prévaut sur le féminin » Eliane Viennot sur son site web : « L’accord de proximité, mode d’emploi » Entretien avec Maria Candea sur Ballast : « Maria Candea : « La langue est politique » » Et d’autres articles à FindSurbafe.fr